La fresque des cépages :

Le Braucol, dit aussi Fer, est le plus sauvage, le moins discipliné qui vient sans doute des lambrusques sauvages de la région des Pyrénées. Proche des Cabernets, il en serait probablement l’ancêtre. La tradition veut qu’il ait été transmis par les moines de l’abbaye de Conques, dans l’Aveyron. En tout cas il a ce caractère rugueux et puissant des montagnards comme eux, il est fait d’une seule pièce. Les arômes sont imposants et primitifs, entre le poivron vert et le cassis ; ils font penser un peu à des baies sauvages ; ils accompagnent des tanins amples et rustiques. Le Braucol a besoin d’être apprivoisé.

Et justement le Duras , le plus Gaillacois des cépages rouges, joue ce rôle à merveille. Il est tout en finesse et en élégance ; complexe, il a ce brillant, cette délicatesse, qui rappelle avec justesse que l’Albigeois est un peu la Toscane française. Epicé, délicieusement poivré, il amène la civilisation nécessaire à la sauvagerie du Braucol.

Et puis il y a la Syrah, originaire des bords de la Méditerranée. Elle développe ses qualités de plénitude aux parfums violacés, qui font sa force suave et sensuelle. Elle rappelle ainsi que Gaillac est à l’extrême nord du Languedoc historique, là où se confrontent les influences des deux mers : celle du grand large et celle du milieu. Ce sont ces trois cépages qui sont privilégiés dans les plantations. Ils sont le cœur même de la légende gaillacoise.

Malgré tout à Brames-Aïgues on a quand même un petit faible pour le Gamay qui a été planté au début des années 70. Doux et agréablement fruité (framboise ou groseille), souple mais fort en alcool, précoce, il est idéal aujourd’hui pour faire ces premiers vins d’automne, qui sont le symbole d’une vendange réussie, d’un cycle qui s’achève avant la dureté de l’hiver.

Autrefois c’était le jus de raisin blanc, avant sa fermentation, qui jouait ce rôle de vin nouveau : le Bourrut ! Ce Bourrut était réalisé à partir du vieux cépage blanc du Gaillacois qu’est le Mauzac, cépage aromatique, au parfum de pommes défendues, qui fait toute la splendeur, et la sensualité des vins doux.

Mais ici on préfère le Len de lel, si fougueux et si difficile à maîtriser, qui une fois bien dressé, donne un vin à la forte tonalité très légèrement acide aux parfums d’agrumes . Ce Len de Lel, authentique Gaillac, est une preuve que les anciens aimaient eux aussi l’étrangeté.

Pour la même raison, on n’oublie pas deux autres cépages du Sud-ouest : la Muscadelle, si finement musquée et miellée, et le Sauvignon, dont la réputation bien connue de sauvageon, s’exprime dans ce pays de façon intense.